Hier
(vendredi 21 décembre) j'étais à la fête d'anniversaire de la
cousine de mon père. Je ne l'avais pas vu, elle et ses enfants, mes
cousins, depuis 10 ans. 10 ans, c'est énorme n'est-ce pas ? La
dernière fois qu'on s'était vu tous ensemble, c'était pour la même
occasion je crois mais dix ans plus tôt. Je me souviens qu'on avait
passé la soirée, Lucas (oui, il s'appelle comme moi), Nicolas et
moi dans leur chambre à jouer à l'EyeToy PS2, c'était le jeu dont
le but consistait à tuer des ninjas avec ses mouvements. La cousine
de mon père, Viviana a une sœur, Florence qui elle-même a deux
autres enfants, deux garçons : Loïc et Benjamin. Loïc, le
plus grand est âgé de 25 ans, Benjamin en a 17, comme Nicolas.
Lucas, lui, a 20 ans.
J'étais
excité à l'idée de tous les revoir, mais un peu effrayé à la
fois. Arrivé au lieu de rendez-vous, les places se font rares. Lucas
nous voit et nous trouve une place dans un parking réservé aux
habitants de la résidence. Premier choc : il fume, il a une
cigarette à la main. Instant de réflexion, il a 20 ans et fume,
c'est pas compliqué, il y a 50% de chance pour qu'il fume autre
chose également, ce qui est
plutôt cool. Je sors de la voiture, le salue timidement en lui
faisant remarquer que ça fait longtemps que nous ne nous sommes pas
vu, il acquiesce avec un léger sourire et nous amène sur la péniche
sur laquelle se déroulait l'anniversaire. Sur le chemin, je vois au
loin trois jeunes gens : deux garçons et une fille. En se
rapprochant, je remarque que je ne reconnais aucuns de ces visages,
ils ne font surement pas parti de ma famille. Soudain, Lucas s'arrête
et nous présente. Nicolas
a bien changé, cheveux longs bouclés, très grand, avec des
vêtements très larges. Il nous présente Linda, sa copine, qui
aussitôt vient me faire la bise. Et là, je vois une véritable
bombe sexuelle s'approcher de moi, Benjamin. Vêtu d'un petit blazer,
d'un pull bleu foncé, et d'un petit pantalon blanc avec des
chaussures de villes couleurs marron, il a directement attiré mon
attention, sans oublier les petites lunettes, un véritable look de
BCBG. Il me sert la main, sur le coup je reste stoïque, je ne le
reconnais pas puis lui rappelle que « moi c'est Lucas ! ».
Après ces courtes présentations, ils continuent leur route en
direction de la résidence, et nous la notre vers la péniche.
Sur,
ou plutôt dans, la péniche, tout le monde n'est pas encore arrivé.
Les préparations ne sont pas encore achevées, je dis bonjour à des
gens qui semblent me connaître mais que, moi, je ne connais pas.
Entre les « c'est ton fils ? », « il te
ressemble », « qu'est-ce qu'il a grandis », mon
père ne sait plus où donner de la tête, tentant en vain de tous
leur répondre, je me retrouver seul au beau milieu d'une dizaine de
personnes qui semblent me déshabiller du regard. Les minutes
défilent à une vitesse lente, très lente, mes cousins finissent
par revenir d'on ne sait trop où et m'ignorent complètement. Je
fais part à mon père et mon malaise et me rétorque qu'il faut que
je me mélange à la foule. Après deux verres de punch, je n'arrive
toujours pas à me mélanger. Quand soudain, après trente minutes
d'attente, Nicolas s'approche de moi et me demande ce que je fais de
ma vie, si c'est pas trop difficile, mes projets professionnels etc.
Très vite, je suis amené à la table où Linda commence à
m’interroger sur ma vie trépidante d'étudiant, on rigole, se
trouve des points communs... Entre temps, un ami de Nicolas, Chris,
est arrivé. Plutôt mignon lui aussi. Après quelques bavardages,
ils décident de tous aller fumer une cigarette à l'abris des
regards des parents un peu trop curieux. Je prévois de leur demander
de façon subtile s'ils fument autre chose
que des cigarettes. Chris se plaint qu'il n'a pas de feu, rapidement,
je sors le mien et lui tend. Il le donne à Nicolas qui me demande si
je fume. Génial, ma stratégie a fonctionné, et à merveille, je
réponds d'un air innocent « Je ne fume pas de cigarettes ».
Ça
a été la phrase qui a tout déclenché et qui a donné une nouvelle
tournure à la soirée que nous étions sur le point de passer. Ils
réagissent tous par un petit rire et Nicolas demande à Linda si
elle a « prévu quelque-chose ». Elle réponds,
tac-o-tac, « ouais, j'ai été pécho tout à l'heure à la
dernière minute ». C'est génial ça, on va pouvoir se mettre
bien. Dans cet élan d'euphorie, Benjamin m'adresse la parole et me
demande à son tour ce que je fais dans la vie, si je fume
régulièrement... Très vite, on décide d'aller chez Nicolas pour
rouler tranquillement, une certaine complicité s'instaure entre nous
tous. Une fois le joint roulé, on descend au pied de la résidence,
et là surprise, Benjamin sort un deuxième joint, un pur de beuh. On
fume, on rigole, on fume, on rigole.
De
retour dans la péniche, on entame un jeu de cartes tranquillement en
compagnie de Loïc. Une ou deux heures plus tard, on retourne dehors
et Chris déclare la merveilleuse chose suivante : « On
s'fait un pet' ? », je suis bien évidemment totalement
pour. On retourne au même endroit, pour faire la même chose,
toujours dans une ambiance conviviale. C'est franchement cool de se
défoncer en famille, entre cousins. Sur le chemin du retour,
Benjamin décide d'aller se reposer et nous quitte, malheureusement.
Je décide donc de jeter mon dévolu sur Chris, puis c'est pas mon
cousin lui alors je peux me permettre. Je rigole à ses blagues comme
une pucelle, et n'hésite pas à m'asseoir à côté de lui quand
l'occasion se présente. On se regarde, on rigole. Quelques temps
après, c'est au tour de Nicolas et Linda de nous quitter, suivi
malheureusement de Chris, qui m'a quand même accepté sur Facebook le lendemain de notre rencontre.
La
salle se vide petit à petit, et évidemment, nous sommes les
derniers à partir. Mon père et ma belle-mère proposent donc
d'aider à débarrasser la péniche. Chargé à bloc, on prends le
direction de l'appartement où je retrouve pour mon plus grand
bonheur Benjamin, tout fatigué. On descend tous ensemble, et une
fois en bas, pour se dire au revoir, il s'approche de moi et me fait
la bise, rien de très homo (puisque j'ai pu remarquer que tous les
garçons se faisaient la bise entre eux, faisant parti de la même
famille) mais par ce geste, cette simple bise, j'ai pu avoir
l'impression, le bonheur, d'être accepté en tant que cousin, et ça,
après dix ans, ça n'a pas de prix.
Bon,
ce qui est chiant c'est qu'il habite à Marseille.
Au
passage, moi, ma fin du monde, je l'ai passé sur une péniche à me
défoncer la gueule avec mes cousins. C'était cool. Si tous les 21
décembre 2012 se produisent de cette façon, je veux bien que ça
soit la fin du monde tous les jours.
LL
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