Mon beau-père en a marre de vivre comme un ermite quand ma mère passe des journées avec sa meilleure amie. Ce n'est pas le nom d'un sujet débile à la Tellement Vrai mais plutôt le sujet de leur dispute d'hier soir.
J'ai assisté à toute l'altercation, du début à la fin. Je vais la faire courte, ils sont cons tous les deux. Depuis des années, mon beau père veut que ma mère ne voit que par lui, ce qui le pousse à être souvent con, borné et jaloux. Ma mère, tiraillée entre un frère drogué jusqu'aux ongles, une mère qui ne sait plus où donner de la tête, une grand-mère malade, un copain jaloux, une fille à l'étranger, un fils pédé-drogué et un métier difficile, aime bien se reposer, boire un-deux-trois verres ou sortir avec ses copines.
Mon beau-père ne le comprend pas, il déteste sa meilleure amie et ne se gêne pas pour lui faire remarquer chaque fois qu'il en a l'occasion. Bref, je suis intervenu et c'est au moment de débarrasser la table que ma mère a dit "très bien, demain on sort tous les trois, on sort en famille".
"On sort en famille", j'avais envie de tout de suite rebondir sur l'expression et de dire "quelle famille ?" mais le but était de calmer le jeu alors "ok". Je pensais qu'une fois la tornade passée, l'idée atterrirait directement dans les oubliettes, mais non. On est bel et bien sortis, tous les trois, pour la première fois en 8 ans (si on met de côté les vacances qu'on passe ensemble).
Je décide de les amener à Saint-Michel pour manger un bout.
Dans le métro, la tension est palpable. Je ne parle pas, comme à mon habitude, ma mère non plus, elle se contente de répondre aux quelques questions ouvertes péniblement lancées par mon beau-père dans le but de provoquer un peu d'interaction. C'est tout. 40 minutes plus tard, on y est ! Maintenant faut trouver un resto, c'est pas ce qui manque mais personne ne semble vraiment motivé et content d'être ici.
" - Tu veux aller où ? " demande mon beau-père à ma mère.
" - Je sais pas... "
C'est drôle parce-qu'en voyant ma mère agir, j'avais l'impression de me voir moi : jamais sûr de rien et qui ne prend aucune initiative.
Après quelques minutes à tourner en rond, on fini par s'arrêter.
À ce moment là, j'ai pas envie d'être ici, je ne comprends pas pourquoi je suis là, ça me saoule, je me fais chier, je me dit que j'aurais mieux fait de fermer ma gueule hier soir. Ma mère a l'air dégoutée et mon beau-père balance deux-trois blagues pour détendre l'atmosphère. C'est affreux.
Le serveur, un vieux connard de merde, arrive pour prendre notre commande.
Arrivé à mon tour
" - Je vais prendre un steak à cheval bien cuit s'il vous plait. "
" - Quoi ? J'entends rien. "
" - Un steak à cheval bien cuit. "
" - Faut parler plus fort jeune homme. " avec une condescendance particulièrement soulignée et un air des plus dédaigneux. Je lui répète ma commande, très agacé. Puis je lance à ma mère :
" - Putain mais on m'entends pas quand je parle ou quoi ? "
" - Si, mais tu parles doucement Lulu. "
Comme si c'était pas assez bizarre comme ça, voilà que le service commence à se faire désirer. 45 minutes d'attente pour : un steak, un autre steak et une raclette. Voyant le vieux passer et constatant que des gens arrivés après nous étaient déjà en train de bouffer leur plat, je lui demande s'il va falloir qu'on patiente encore longtemps. Sans me regarder et sans s'arrêter :
" - Ça vient ! Ça vient c'est bon ! "
Lorsqu'il revient pour nous servir, je lui demande gentiment si ce serait possible d'avoir de la mayonnaise.
" - Oui deux secondes ! "
" - Non mais je voulais juste savoir si vous en aviez. "
" - Vous êtes dans un restaurant, y'en a forcément. "
Mais je sais fils de pute ! Je cherchais juste à être poli vu que tu te montres particulièrement blasé dès que je m'adresse à toi, enfoiré de merde !
Le repas se termine, le serveur peut toujours se toucher pour avoir un pourboire et nous voilà parti pour marcher, marcher, marcher sans trop savoir où aller. Le froid s'efface petit à petit et laisse place à quelques mots, puis quelques blagues.
Nous sommes rentrés aux alentours de 17h30, 3h c'était assez.
Le chemin du retour était moins silencieux, chacun racontait des anecdotes que les stations lui rappelait. C'était un peu moins morose, même pour moi.
Je suis tout de même content d'avoir passé un peu de temps avec eux. Ça m'aura en plus éviter de passer toute la journée à me défoncer dans ma chambre mais je pense que quand quelque-chose est brisé, c'est pas un repas sous le soleil qui va tout arranger comme par magie. Voyant ma mère aussi déçue, j'avais envie de faire quelque-chose, d'agir, de me secouer, d'être drôle, j'y arrivais pas. Pire, j'en avais aucune envie. J'étais juste pressé que ça se termine. Le meilleur moment de la journée a été d'admirer ma mère en train de sourire bêtement parce-qu'on passait la station Pyramides et que ça lui rappelait des souvenirs.
Le point positif, en tout cas, c'est que leur dispute semble oubliée. Et si c'est mon intervention qui a permis ça alors je suis content. D'une certaine façon, j'aurais au moins réussi à préserver quelque-chose.
Je sais que je regretterai un jour d'avoir écrit ça et j'aurais bien mérité de souffrir comme une merde mais je ne me sens pas à l'aise avec eux, je ne me sens plus à l'aise avec personne. Qu'avec moi-même, quand j'arrive à me supporter. Je sais plus comment je dois agir, comment je dois penser, je sais plus quoi faire.
Qu'est-ce qu'il reste dans ces cas là ?
Rien à voir, mais je t’ai tagué sur mon blog. Si le cœur t’en dit, n’hésite pas à participer. Merci !
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