#147 Te souviens-tu ?

J'ouvre une dernière fois le livre de notre histoire, c'est probablement le meilleur moyen que j'ai trouvé pour te dire au revoir. Mon quotidien est bouleversé depuis une semaine, ma vie quant à elle est chamboulée à jamais. 



Te souviens-tu du jour de notre rencontre ? 

Des mois que nous échangions sans vraiment imaginer où tout cela allait nous mener. Des messages, encore des messages, tu allais jusqu'à prolonger mon forfait téléphonique pour que je puisse continuer à te parler de l'étranger. Je te rendais fou, sans comprendre pourquoi mais j'aimais ça. Je suis rentré en France, nous nous sommes rencontré pour la première fois le 1er septembre 2014, la veille de ton anniversaire. Je me revois à t'attendre à la sortie du métro qui plus tard deviendra notre symbole, te vois arriver avec ton sweat blanc, tes lunettes de soleil, tes cheveux bruns relevés... Marc. A la terrasse d'un bar, nous nous sommes installé. Tu me parlais, tu riais, j'étais bien. Je buvais mon jus d'orange sans penser une seule seconde à tout ce qui nous attendait. 

Après notre rencontre, le mystère était entier. Te plaisais-je ? Me plaisais-tu ? Jusqu'à temps que tu me fasses comprendre que tu souhaitais me revoir. J'ai eu ma réponse. De cet instant est née la plus belle et la plus inespérée des histoires : la notre. 

Te souviens-tu de cette période magique ? 

Ton chômage. Celui qui nous faisait rester chez toi des journées entières à regarder des conneries à la télé, à parler de tout et de rien, à te montrer ce que je faisais pour mes cours et à partager jusqu'au moindre petit détail, toutes nos journées. Ces moments si simples et si bons, tellement singuliers que je ne souhaitais les perdre pour rien au monde, t'en souviens-tu ? Parce que, moi, ils ne me quittent pas, ils sont coincés avec notre souvenir. Je me souviens des crêpes, des quiches que tu me préparais avec un amour certain, des simples pâtes accompagnées de steak haché en passant par le riz au poulet, chaque ingrédient, chaque saveur était si particulière avec toi. J'arrive encore à en sentir le doux parfum... 

Ces délicieux moments passés à jouer à la Playstation, fumer des joints car il fut une époque où en fumer avec moi te faisait rire, à regarder toutes les photos de tous tes voyages, à être chaque fois plus impressionné par tout ce que j'apprenais sur toi, je ne pourrai jamais les effacer de ma tête même si l'envie m'en prenait. 

Te souviens-tu de cette peur ? 

J'étais bête d'avoir peur que tu m'embrasses, que tu te lances alors que je n'attendais sûrement que ça. T'avoir. Te sentir mien. Sentir ton corps écraser le mien, être entre tes mains et n'appartenir qu'à toi. Je ne connaissais rien et j'avais peur. Peur de tout ce que tu pouvais déclencher chez moi si jamais je succombais. Je t'aimais déjà. Seulement, je ne pouvais renoncer à ma prétendue liberté qui, en fait, était ma plus grande prison. 

Puis il est arrivé. Celui que je juge en partie, pour ne pas dire totalement, responsable de ce fiasco. Celui qui t'a fait douter, qui t'a fait comprendre que je n'étais pas si rare et spécial que ça, que tu pouvais toi aussi choisir. 

Te souviens-tu de notre première dispute ? 

Celle qui me glace le sang chaque fois que j'y repense. Celle qui m'a tellement ravagé que j'ai été incapable de l'écrire ici par peur de la revivre. Celle qui m'a fait te voir les larmes aux yeux. Celle où j'ai déclaré que "je ne serai jamais amoureux de toi", par volonté de frapper là où ça fait mal. J'ai voulu te blesser, me venger. Pourquoi ? Je ne pouvais accepter l'idée que tu puisses me retirer tout le bon que nous partagions ensemble depuis tous ces mois. Tu faisais pour moi définitivement partie de ma vie et je ne pouvais accepter l'idée que tu puisses vouloir t'en défaire. Alors j'ai frappé fort. 

Peut-être un peu trop fort. Tu m'en as voulu, pendant longtemps. Je me suis excusé, pendant longtemps également, mais quelque chose s'est brisé dans ton coeur au moment où j'ai prononcé ces mots dévastateurs. Tu m'as finalement pardonné, du moins, c'est ce que j'ai pensé. 

Te souviens-tu de notre premier baiser ? 

Comme toujours, nous étions chez toi. Quelques semaines s'étaient écoulées, on avait retrouvé une complicité timide, tu étais dans la cuisine en train de faire préchauffer le four, j'étais dans le salon devant la télé, réfléchissant à tout ce que nous avions vécu depuis tout ce temps. Sans trop réfléchir et pensant qu'il était plus que temps, je me suis levé pour venir te rejoindre dans la cuisine. 

Je me suis délicatement approché de toi qui ouvrait l'emballage des quiches instantanées que tu allais faire chauffer, j'ai écarté mes bras et t'ai enlacé par derrière, sans dire un mot. Tu as esquissé un petit rire, je t'ai embrassé dans le cou. Puis enfin, tu as tourné ta tête et nous nous sommes embrassé, d'une manière qui m'a tout de suite plu. Viril mais tendre à la fois. Tu m'as pris dans tes bras, m'a regardé en disant que j'étais trop beau et si je savais depuis combien de temps tu attendais ça. 

Je m'excusais, t'embrassais, t'enlaçais. 
Nous avons passé tout l'après-midi à nous embrasser comme des lycéens, puis tu m'as sucé sur le canapé. Sans prévenir, comme si tu attendais ça depuis toujours et que ma queue t'appelait. Tu m'as sucé avec une dévotion et une pro-activité sexuelle que je ne te connaissais absolument pas. C'était bon, c'était fort, ça m'excite encore... Ce jour-là, je me suis senti comblé. 

Te souviens-tu de nos bons souvenirs ? 

De nos cinémas, de la fois où je t'ai amené visiter les catacombes de Paris et que nous sommes arrivé en retard, de tes anniversaires, de notre week-end au Mont St-Michel, des tours de Paris en voiture, de ta rencontre avec ma soeur et mon ex beau-frère, de nos surprises, des "je t'aime" que je te lançais, des spectacles que nous avons vus ensemble, de ton sapin de Noël que nous avons décoré, des hôtels que nous avons visité, des restaurants que nous avons découvert, des conneries que nous avons regardé... T'en souviens-tu toujours ? T'en souviendras-tu encore dans un mois ? Un an ? Dix ans ? 

Te souviens-tu des derniers mois et de notre rupture ? 

Ils ne me quitteront jamais. Chaque mot, chaque mensonge, chaque like... Je dois trouver la force intérieur pour dire au revoir à ce que nous étions et c'est une des raisons pour lesquelles j'ai écrit cet article. Tu m'as fait grandir, tu m'as aimé et je t'ai aimé, peut-être un peu trop en fin de compte... 

Nous nous reverrons, c'est certain.
D'ici là, j'ai quand même une dernière faveur à te demander, oublie ce Christophe... !





Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

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