Je l'ai vu aujourd'hui, Xavier ! On s'est retrouvé vers 13h30 près de la célèbre fontaine des Innocents à Châtelet. Comme toujours, le contact est simple et rapide, comme si nous ne nous étions quitté la veille alors que non, ça fait bien six mois. Il avait un jean blanc et une veste, apparemment, en cuire et bleue. Très bien coiffé, comme à son habitude. Moi, je portais mon jean bleu, une espèce de gilet de la même couleur et étais littéralement coiffé comme une merde. J'aurais pu me mettre plus en beauté ce matin, mais je n'en n'avais pas le temps... ou pas l'envie. 

J'avais des dizaines d'endroits en tête dans lesquels on aurait pu manger. Mais on s'est retrouvé devant le McDonald's, alors allons pour un McDo'. J'ai pris un McWrap Poulet sauce au poivre et lui un McWrap Poulet Bacon accompagné d'un CBO. 

" - Je suis déçu, t'as pas fait ton gros.  " 

Comment lui expliquer que j'étais trop stressé pour avaler quoi que ce soit, que j'avais envie de vomir à chaque bouchée que j'avalais, comment lui dire que j'ai mis une heure à avaler ce que j'engloutis d'habitude en à peine un quart-d'heure ? 

On parle, on parle, on parle. Il commence à me parler de son dernier ex, comme je le sentais venir. Il me montre des photos de son téléphone et tombe sur une photo de ce dernier, qu'il supprime sous mes yeux. 

" - Allez, Fiout ! "

A chaque fois qu'il mentionnait un de ses ex's dans la conversation, je n'écoutais qu'à moitié ou me contentait de réactions légères type "Ah, ouais... Bâtard quoi !" contrairement à d'habitude où j'aurai agis comme un incubateur de mal, une espèce de punching-ball sur lequel il aurait trouvé bon de se défouler. Pendant qu'il parlait, je réfléchissais, "qu'est-ce qu'il veut ?", "pourquoi est-ce qu'il m'a amené ici ?", "pourquoi a-t-il voulu qu'on se voit ?", "qu'est-ce que je suis pour lui ?", puis j'ai eu ma réponse. 

" - Là, j'ai vu un pote comme toi que j'avais pas vu depuis longtemps. Demain je rencontre un mec, mais un mec juste comme ça, pour se rencontrer. "

"Comme toi", un pote comme moi. C'est pas tragique, c'est pas triste non plus, c'est comme si je le savais. 

Après le Mcdo, on a été marcher, quelques minutes, cherchant désespérément un brin de soleil. 

" - C'est quoi le dernier film que t'as été voir au cinéma ? "

" - ... J'sais pas, ça remonte... Je crois que c'est Conjuring... "

Direction le métro le plus proche pour rejoindre la 14 pour se rendre au MK2 Bibliothèque où les places sont à 4,90 € (station: Bibliothèque François Mittérand, sortie 2, continuez tout droit en sortant et vous verrez la bâtisse) :

" - C'est le cinéma des amoureux ça. A cause des sièges, faudrait que je test ça un jour d'ailleurs ! "

" - Le cinéma des amoureux ? Je sais pas, pour moi c'est surtout le Cinéma du pas cher en fait ! "

Une fois là-bas, on (il, en fait) opte pour aller voir Captain America : Le soldat de l'hiver (The Winter Soldier, pour les intimes), je paye sa place comme je l'avais sous-entendu lors d'une discussion Facebook et il paye les pop-corns ainsi que les boissons. 

Le film était assez chouette, je ne suis pourtant pas fan des comics Marvel et compagnie mais (même sans avoir vu le premier volet) j'ai vraiment apprécié le film (et pas que pour la plastique de Chris Evans, non !).

Ensuite, métro jusqu'à Saint-Lazare, je le raccompagne sur son quai comme je fais à chaque fois, son train est annoncé pour arriver dans la minute qui arrive, on se presse, il rentre dedans. On se fait la bise, je lui dit :

" - Rentre bien. Puis essaie de ne pas attendre six mois pour envoyer un message la prochaine fois ;) " 

" - Un message ? Non ça devrait aller un message. Pour se voir, on peut attendre deux mois cette fois. Je rigole, j'ai tous mes mercredis et jeudis sauf grand bouleversement professionnel. Donc à voir." 

" - D'accord. Allez, à plus ! " 

C'est tout. 

Je ne peux pas être son mec : il aurait déjà tenté quelque-chose sinon.

Je ne peux pas être son pote : on ne cherche pas à voir ses potes que lorsqu'on est célibataire. 

Alors je suis quoi ? 

Une fois rentré chez moi, j'ai reçu :

Donc voilà. Je ne sais pas quoi penser, alors autant que j'arrête d'y penser. Tout simplement. J'ai répondu, on s'est envoyé deux trois pavés en faisant allusion à quelques épisodes de la journée en prévoyant une "sortie plus intello la prochaine fois", on verra bien. Si ça se produit, tant mieux, si non, tant pis.