#77 Au revoir G'

Je n'en n'ai jamais parlé, ou alors très vaguement entre deux paragraphes. Mais je pense que le meilleur moment pour parler d'une quelconque relation qui a compté, c'est quand elle est terminée. Alors je le fais aujourd'hui. Je ne changerai ni son prénom, ni ce que j'ai ressenti en le fréquentant. 

J'ai rencontré Guillaume sur un site peu recommandable au mois de Mars, peu de temps avant que ma vie ne bascule dans la pénombre la plus totale. 24 ans, beau mec, qui ne laisse pas sa bite prédominer sur son cerveau - plutôt rare. Le courant passe tout de suite assez bien, arrive assez rapidement l'échange Skype. Quelques semaines plus tard, première rencontre pour aller boire un verre, non sans appréhension. Je me souviens encore de la chanson qui passait dans mes oreilles au moment de sortir du métro pour le rejoindre, bref. 

Notre première rencontre se passe très bien, même plus que bien, au-délà de toutes espérances. Aucun temps mort et je ne me sentais pas mal à l'aise en sa compagnie. C'était inespéré si on se souvient du problème que j'avais avec les rencontres internet. Puis, la période de trouble est vite arrivée. C'est à ce moment là que Guillaume, enfin G', a découvert l'existence de ce blog. J'ai essayé de nier, c'était peine perdu, Lucas était démasqué. Alors j'ai avoué, il m'a dit qu'il n'y retournerait plus. 

Arrive la Gay Pride où, nous parvenons enfin à nous retrouver. J'avais des petites bricoles ramenés du Portugal à lui donner. Sous l'euphorie du moment, et sans aucun doute l'effet de l'alcool, il s'avère que nous nous sommes embrassés au beau milieu de Bastille, avec la musique, et tous les gens autour. Cet instant reste gravé dans ma mémoire et je ne peux m'empêcher d'y repenser un petit peu chaque fois que j'y repasse. 

D'Avril à Juillet, on se parlait tous les jours, vraiment tous les jours. "Chaton", c'est comme ça qu'il m'appelait, tout le temps, "chaton".  Je savais que je ne serai pas en couple avec lui, c'était pas ce qu'il attendait, mais je me sentais bien avec lui. J'avais l'impression d'être tiré vers le haut, je sentais que je commençais à être l'homme que je voulais devenir, grâce à lui. Amitié, plus que de l'amitié, sans être de l'amour, je ne saurai décrire ce que c'était. Je sais juste que j'ai ressenti cette relation comme étant hors du commun. 

Au fur et à mesure du temps qui passait, j'ai commencé à éprouver des sentiments de plus en plus forts à son égard, tout en me blâmant de les ressentir : je savais que ce n'était pas bien, que ça ne mènerait nul part. Étant dans l'impasse et la frustration la plus totale, je ne savais plus où me situer. J'étais désagréable sans le vouloir. Le relation stagnait, j'étais dépendant de cette dernière, j'allais bien lorsqu'elle me convenait, moins bien lorsqu'elle ne me convenait pas. Puis est arrivé ce jour. Ce fameux jour d'Août où il m'a proposé de passer la nuit chez lui. 

Apéritif cocktail, dîner soigneusement préparé et un tiramisu fait de ses mains. Je n'en n'avais jamais goûté, il trouvait ça particulièrement consternant d'ailleurs - étant son dessert préféré -, c'est la raison pour laquelle il avait décidé de m'en faire un. Et une nuit, une nuit dont je me souviendrai toujours. Peut-être insignifiante à ses yeux, mais saisissante pour les miens. 

Et je crois que c'est à partir de ce moment là que les choses ont véritablement commencées à déraper. Les bisous Skype, habituellement distribués par trentaine voire par cinquantaine, se faisaient de plus en plus rares, les conversations aussi, de plus en plus courtes, moins intéressantes, beaucoup plus formelles. Plus de "chaton", des temps de réponses de plus en plus longs. Je ne pouvais pas m'empêcher d'aller checker son profil, alors j'ai pris la décision de me désinscrire du site. 

Fin Août, il est parti trois jours à Ibiza. À son retour, c'était terminé. Plus rien, le désert. Un message pour mon anniversaire, auquel j'ai répondu en lui disant que "ça serait bien de se revoir", laissé sans réponse. À partir de ce moment là, tout s'est écroulé. Il avait, pour une raison somme toute inconnue, prit une place tellement importante dans ma vie en si peu de temps que j'en étais complètement déboussolé. J'ai essayé de relancer le dialogue lorsqu'il est revenu de son road-trip aux EU au mois de Septembre, rien. Réponses brèves, laissant sous-entendre que je perdais mon temps à essayer d'entretenir un feu qui était éteint. Notre relation était morte. 

Hier, je me suis réinscrit sur le site qui m'a permit de le rencontrer. Je suis tombé sur son profil. Lui ai envoyé un message. Après un bref échange, en me connectant tout à l'heure j'ai reçu un message, en voilà une partie : 

" [...] J'ai pas envie que tu le découvres par toi-même : je viens de te retirer de mes amis FB. Je t'adore, ça changera jamais. Mais t'es plus comme avant et moi non plus [...].

Au moins, il a été réglo. 
Ma réponse ? " Merci G'. "

Rien de plus. Pourquoi merci ? Merci de me libérer, de mettre un point d'arrêt définitif à tout ça. Maintenant, je n'espère plus. Plus du tout. C'est terminé. Et je vais peut être enfin pouvoir commencer à passer à autre chose. Peu importe les relations que j'ai pu avoir entre temps, les pensées que j'ai pu avoir, il a toujours été en quelque sorte à part. Cette relation m'a aidé et m'a au moins permis de savoir ce que j'aimais le plus chez un homme. Je l'ai aimé. Ça peut paraître dingue, con, cul-cul, mais putain ce que je l'ai aimé. Et je pense qu'il le savait.

Il n'a quasiment jamais été mentionné sur ce blog et pourtant il était presque là depuis le début. 

Alors encore une fois, merci. Merci d'avoir commencé à me faire grandir. 

Au revoir Guillaume. Et même si j'ai jamais eu les couilles de le dire ou même de me l'avouer, sache que oui, je t'ai aimé, plus qu'aucune lettre ne pourra jamais le dire. En dépit de tout ce que toi ou les autres peuvent penser. 




Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

5 commentaires:

  1. Encore une histoire sur ton blog, qui fait pitié…
    Serieux tu crois que c'est sur des trucs de salope que tu trouveras des gens équilibrés?
    A ton avis, pourquoi un mec qui a un emploie, une vie sociale, un équilibre mental, va sur un site de cul??? Quand tu auras la réponse tu comprendras que tu as voulu vivre ça et que si toi aussi tu y traines c'est que t'es atteint des mêmes problèmes qu'eux… et c'est pas parcequ'ils sont nombreux qu'ils sont pas atteints…
    Bref, trouves toi un mec dans le cadre d'une vie normal, une rencontre fortuite, un mec qui n'a pas besoin de psychotropes pour supporter son quotidien et quid garde l'avenir avec détermination, et peut être que tu auras des chances… Sinon avec des canards boiteux t'attends pas a mieux….

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    1. Qui a dit que le problème venait du "truc de salope" sur lequel je l'ai rencontré ?
      Sérieux les mecs, réfléchissez un peu avant d'écrire de la merde.

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    2. "J'ai rencontré Guillaume sur un site peu recommandable"
      Si c'est pas ça le problème, c'est quoi?
      En attendant c'est toi qui depuis quelques mois écris des posts de merde parce que ce que tu y dis en a le niveau…et c'est triste.

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  2. Et bien... Encore une histoire dans laquelle je me reconnais. Un mec tombé de nul part, pour lequel mes sentiments ont décidé de faire ce qu'ils voulaient, sans raisonner, sans réciprocité apparente...
    Maintenant, contrairement à toi, je n'ai jamais eu de fin, seulement un silence. Mais un silence horrible, qui m'empêche d'avancer et de faire le deuil de mon ridicule...

    Tu as eu une chance inouïe d'avoir eu une réponse au final. La preuve : ton optimisme et ta réaction à la fin de l'article.

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    1. Le silence est pire que tout mais il est bien souvent plus que révélateur. Je savais aussi qu'on ne retrouverait pas ce qu'on a pu partager, son message n'a fait que le confirmer et m'a donné la force de - moi aussi, passer à autre chose. Il faut que tu trouves cette force ailleurs. Mais tu la trouveras :) Et ne pense pas que tu es ridicule, on est jamais ridicule quand on aime. On est peut-être naïf, crédule, mais pas ridicule.

      Pour finir, je sais pas si on peut dire que c'est de l'optimisme, je pense plutôt à une certaine reconnaissance. Courage cher Anonyme.

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