#103 Six mois

Ça y est. Après six mois ponctués tantôt par des phases de travail intenses, tantôt par de longues séances de relaxation, c'est non sans émotion que je déclare mon stage comme étant officiellement terminé.

C'est fou la vitesse à laquelle ce sont écoulés ces six mois. J'en reviens pas. Je me revois déambuler dans l'agence pendant les fêtes de Noël comme si c'était hier, attendant avec impatience que mon MacBook annonce 18h30 pour pouvoir rejoindre Ian chez lui. 

Je pensais que ce stage me donnerait l'énergie dont j'avais besoin pour pouvoir repartir sur de bonnes bases. Je pensais qu'il me donnerait le goût au travail, à l'effort acharné, qu'il me ferait devenir l'homme que je voulais devenir. Ça n'a pas été le cas... mais j'ai quand même beaucoup appris. Ce stage m'a donné envie de me spécialiser dans un domaine que je qualifiais comme étant inaccessible il y a encore quelques mois. Il m'a donné le courage de me lancer, de parfois me dépasser et d'oublier, l'espace de quelques brefs instants, mes tracas du quotidien. 

En plus de devoir quitter des gens auxquels je me suis tout de même un peu attaché, la tristesse qui m'envahit à l'heure où j'écris ces lignes provient principalement de l'aspect plus qu'incertain quant aux prochains mois à venir. Qu'est-ce que je vais faire ? Je n'ai plus cours, plus de stage, pas de copain. Je vais, de nouveau, devoir combler les trous. J'ai l'impression d'entrer dans une spirale infernale : je gueulais de n'avoir plus de temps pour moi à concilier stage et fac et maintenant je gueule car je ne vais plus savoir quoi faire de mon temps-libre. 

Je suis triste mais à la fois satisfait d'être arrivé jusqu'au bout. Ce matin, je me suis levé en me disant que cette journée serait parfaite. Ne devrait pas, serait ! Et c'est arrivé. Pour la première fois, je me suis senti bien. J'ai osé parler au patron qui était dans son bureau, de l'open space où on se trouvait tous. J'ai bien conscience que ça peut paraître... affreusement... débile, idiot, gnangnan et tout ce que vous voulez mais, parler, parler fort et, en plus, devant une dizaine de personne qui écoutent et décortiquent vos moindres syllabes, c'est quelque-chose de grand pour moi. Et si ce stage m'a appris une chose sur moi, c'est que je semble bel et bien avoir un problème lors des interactions sociales, je l'avais jamais remarqué avant quand je rencontrais un garçon par exemple (quoi que mes nombreuses appréhensions et névroses étaient peut-être dues, en réalité, à cet aspect de ma personnalité). Au contact d'un groupe ou d'une personne que je ne connais pas, je perds tous mes moyens. Je veux impressionner ou du moins prouver ce que je vaux mais je bafouille, bégaie, sort des phrases les trois-quarts du temps incompréhensibles et raconte n'importe-quoi. Je lis l'incompréhension sur le visage de mon interlocuteur et c'est ce qui me pousse à soit, fermer ma gueule, soit changer de sujet, tout en essayant de retrouver mes esprits. 

Bref, j'ai tendance à penser que les choses prennent une importance singulière dans notre vie qu'au moment où on se met à en parler sérieusement, alors je vais éviter de trop m'étaler sur le sujet. Donc oui, j'ai réussi à parler fort, au beau milieu de l'agence. Six mois pour ça !

Ma peine se confond avec une toute petite sensation de victoire et d'accomplissement.  
Mais j'imagine que c'est l'effet que ça fait quand quelque-chose d'important pour nous, nous est brutalement repris. 

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

2 commentaires:

  1. Chanceux :'(
    J'ai encore 3 mois à faire et je n'avance pas dans mon stage.
    Je me dis que le rapport va être "extra light" ahah
    Moi aussi quand je suis en réunions j'ai plutôt tendance à fermer ma gueule, alors que je m'aperçois que j'ai les même idées que des collègues qui sont dans la boite depuis 20 piges. Ce n'est pas un problème d'interaction sociale, c'est juste que tu es jeune, inexpérimenté et qu'à côté des autres forcément tu n'as pas envie de sortir une connerie. Moi je me suis dit que dorénavant j'allais l'ouvrir ma gueule ^^
    Vive le marketing !! Dans ce milieu il faut l'avoir grande mais surtout ouverte ;-)

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  2. Félicitations pour la fin de ton stage. Pour l'avoir été également (stagiaire), c'est toujours difficile de quitter une boite, surtout quand c'est la première à vous accorder une chance :-)
    Tu y repenseras nostalgique dans quelques années, tu verras !

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