Je vais repasser le permis de conduire. Si mon aisance sur la route et ma capacité a gérer mes émotions se sont nettement améliorées depuis la première fois, l'approche de l'examen m'angoisse toujours aussi profondément. Une collègue m'a conseillé de tester l'hypnose pour tenter de contrôler cette angoisse. J'y suis allé sans a priori.

Disclaimer : Alors on est très loin du pendule et des clichés naturellement véhiculés par tout ce qu'on peut voir à la TV ou au spectacle. Il s'agit ici, d'une hypnose humaniste, une nouvelle famille d'hypnose toute récente. Pour comprendre tous les genres d'hypnose (et si jamais ça vous intéresse), je vous conseille de lire ceci qui en est une bonne synthèse.

J'arrive en avance, sonne à la porte et découvre une femme mûre d'une cinquantaine d'année aux yeux verrons.

Le début de la séance m'a beaucoup fait penser à une séance de psychothérapie. Je me présente, je mets les mots sur ce qui m'angoisse (en l'occurrence ici, le permis), elle me pose des questions pour aiguiller ma pensée et m'aider à en tirer des conclusions... Bref, beaucoup de blabla au début. C'est certes un peu chiant mais néanmoins nécessaire pour comprendre et aider au mieux un patient.

On commence par des petits exercices visant à réduire son stress en cas de situation angoissante. Dans mon cas, typiquement, lorsque l'examinateur intervient pour me faire un reproche sur ma conduite. Je redoute chaque commentaire de sa part comme je redoute LE coup de frein. Je ferme les yeux, travaille ma respiration pendant un long moment sous les indications très précises de la dame aux yeux verrons et dis à haute-voix "J'accepte. Et je laisse passer". Ça semble tout con dit comme ça... Mais c'est une manière de laisser la critique rebondir sur soi sans avoir à l'encaisser et gaspiller de l'énergie en essayant de garder la tête haute. C'est une forme de psychologie positive, en fait. On accepte les choses, tout simplement.

Ensuite, est arrivée la phase "Thérapie du Tunnel". Au besoin, je vous renvoie également sur ce lien qui décrit très précisément en quoi ça consiste. J'ai eu quelques difficultés à comprendre cet exercice au début car je ne percevais clairement pas ses enjeux. Pourquoi s'imaginer dans un putain de tunnel ? C'est une métaphore, Lucas putain ! En somme, il s'agit, de revivre une expérience troublante, de ressentir de nouveau ces émotions néfastes, de les comprendre, de les gérer afin de trouver un moyen pour sortir du tunnel et pouvoir finalement refermer la porte derrière soi.

La séance se poursuit avec une discussion plus poussée, plutôt centrée sur les problèmes de fond. Donc relatifs aux relations que je peux avoir avec mon entourage, par exemple, ma mère, ma soeur, mon beau-père, etc. Le principal enseignement que j'ai tiré de cette longue conversation consiste à dire que si je rate mon permis, c'est peut-être car j'assimile le fait de l'avoir au fait de devoir quitter ma mère tout de suite après (car c'est aujourd'hui tout ce qui me retient chez elle). Ma mère qui a toujours été là pour moi, qui s'est toujours dévouée pour toute sa famille et qui s'est malheureusement trouvée qu'un con avec qui partager le reste de sa vie. Peut-être qu'au fond de moi, je ne veux pas la quitter et la laisser dans ce merdier. Peut-être que j'ai peur de la quitter. Et je me servirais de ce permis comme d'un moyen me permettant de gagner du temps et repousser l'échéance. On dit que quand on veut, on peut. Alors rater c'est peut-être ne pas vouloir réussir, au fond. Je ne sais pas. Je ne dis pas que c'est le cas car j'en sais rien mais je trouve la réflexion très intéressante et profonde. Mais bon, elle devrait faire l'objet d'un billet à elle toute seule, donc revenons à nos moutons...

Enfin, est arrivée la séance d'hypnose à proprement parler.
L'hypnothérapeute m'invite à m'asseoir sur le fauteuil, le dos bien droit, et à fermer les yeux. Comme indiqué plus haut, dans le cas présent, l'hypnothérapeute est un guide qui oriente seulement l'imaginaire du patient. L'hypnotisé est pleinement conscient de son état, de l'endroit où il se trouve mais il est transporté ailleurs. Au passage, je suis désolé pour ces approximations mais c'est vraiment très difficile d'expliquer et de décrire très précisément ce genre d'expérience.

Je ferme les yeux et m'imagine dans une prairie calme et paisible. Le soleil me chauffe la peau et le vent me caresse le visage, on entend des tintements de carillon au loin. Ce qui est impressionnant, c'est qu'en faisant l'exercice avec le plus de sérieux possible, les images deviennent plus que des images, je veux dire qu'on ressent vraiment les choses. C'est très fort comme sensation. Dans le cas présent, je parvenais très sincèrement à sentir les rayons chauds du soleil sur mon visage, alors que j'étais en réalité au beau milieu d'un salon sous un ciel gris. La psychothérapeute m'invite ensuite à partir à la rencontre de la part d'enfant qui sommeille en chacun de nous*, le fameux "Enfant intérieur". Je le trouve, très amoché et tente tant bien que mal de prendre soin de lui. L'exercice est tellement intense que je me surprend à pleurer les yeux fermés... L'exercice prend fin, tout doucement, au rythme de l'enfant blessé qui retrouve peu à peu le sourire... Et c'est clairement tout ce qu'il s'est passé en terme de scénario... en 1h !

Je suis resté 1h en état de Sur-conscience et je ne l'ai même pas remarqué. J'avais l'impression que ça ne faisait que 15 minutes... Alors que j'ai été très conscient du début à la fin, mais complètement absorbé dans mon trip. J'ai rouvert les yeux, j'étais incroyablement détendu. Presque mou mais tellement et incroyablement serein. La séance dans sa globalité a durée près de 3h alors qu'elle n'était pas censée dépasser 1h30...

Du coup, l'hypnose est-ce que ça marche ?
Difficile de répondre simplement à cette question.

Déjà, il est important de comprendre les enjeux et le fonctionnement de l'hypnose. Être à l'aise avec les métaphores, l'imaginaire et surtout, l'élément clé, parvenir à se détendre/se lâcher/s'abandonner/se laisser guider. Si on reste dans la réserve, dans le contrôle et dans le scepticisme, ça ne marchera pas. Même si je ne comprenais moi-même pas toujours tout, l'intérêt d'utiliser telle image ou telle situation par exemple, je dois VRAIMENT reconnaître que ça m'a fait un bien fou. Alors pour répondre simplement, je dirais que oui, l'hypnose ça marche.

D'ailleurs, si vous aussi vous avez déjà testé l'hypnose (humaniste ou de dissociation (la plus traditionnelle en fait)) et que vous souhaitez partager votre expérience, ça me plairait beaucoup d'en parler avec vous...

Maintenant, reste plus qu'à serrer les fesses et croiser les doigts, que tout se passe bien pour le permis !

*on en a tous une et pas qu'infantile. Il existe aussi la part de féminité/masculinité, par exemple.