« D’où vient ce manque de
confiance en vous ? » me dit la psychothérapeute après à peine 15
minutes d’entretien.
Tout s’est fait très vite. Je
suis arrivé un quart d’heure en avance, j’avais sur-estimé le temps de trajet,
je suis sorti de chez moi à 15h36 pour arriver là-bas à 15h41, sans me presser.
J’avais raison, cette dame est charmante. Je m’étais fait, par contre, une
toute autre image d’elle après l’avoir eu au téléphone vendredi. Ne jamais se
fier à une voix. C’est une dame toute petite, toute menue qui m’a ouvert sa
porte il y a maintenant près de deux heures.
Le climat a vite été instauré,
pas de divan de cuir, mais un fauteuil – très confortable, avec en face de moi
la dite psychothérapeute derrière un bureau marron. Ce qui semble être un lit
(mais qui n’en n’est pas vraiment un) est posé à ma gauche, en cas de malaises
je suppose. Sa première phrase : « Alors Lucas, je ne sais que très
peu de choses sur vous. Je sais que vous êtes étudiant, c’est bien cela ?
Dans quelle filière ? » Ça y est, la conversation était lancée.
J’appréhendais la rencontre
comme j’appréhende une rencontre quand je vois un mec pour la première fois,
finalement, je ne m’attendais pas à ce que cela se passe aussi bien.
Nous avons parlé de la fac, de
mes quelques soucis de disciplines à peu près pendant deux minutes. S’en suit
une série de questions auxquelles il m’a fallut plusieurs temps de réflexion
avant de pouvoir donner une réponse.
Première question :
« - Si une bonne fée se présentait devant vous et vous donnerais l’occasion
de changer quelque-chose dans votre vie, qu’est-ce que ce serait ? »
Ma réponse, après 30 secondes
de réflexion où le silence des cabinets de psychothérapeute a tendance à mettre
mal à l’aise, ajouter à cela le bruit sourd des oiseaux passant à travers la
fenêtre : « Être moins anxieux. […] Il y a bien autre chose […] En
fait, je suis gay et j’aimerais avoir un petit copain. » CASH ! C’est
alors que je lui ai parlé de ma difficulté à rencontrer des hommes avec qui je
parle via internet, des difficultés que je peux avoir avec le contact humain.
Rencontrer un homme quand on est gay, c’est pas pareil qu’un homme qui peut
rencontrer la femme de sa vie dans le métro. Elle m’a alors expliqué certaines
choses qui je pense sont assez plausibles. Repérer le problème, c’est bien,
mais encore faut-il le traiter.
Deuxième question :
« - Quelle est votre plus grande qualité Lucas ? »
Ma réponse après une bonne
minute de latence : « … Je suis à l’écoute. […] Je suis drôle aussi.
Bon, ça ne se voit peut-être pas, mais je suis très drôle dehors, avec mes
amis… » J’adore faire rire mon entourage, et j’adore encore plus écouter
les autres parler. Je n’aime pas avoir le monopole de la conversation, n’aimant
pas m’exprimer à l’oral de base, je préfère écouter et m’intéresser à ce qu’on
dit. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai besoin d’être avec quelqu’un
qui gère les choses. Mais en même
temps, vivre dans l’ombre de quelqu’un ne me passionne pas forcément non plus –
tiens, c’est un point qu’il serait intéressant d’étudier la prochaine fois.
Troisième question : « -
Qui êtes-vous Lucas ? »
Mon silence et mon rire gêné en
ont certainement dit plus long que je ne le pensais. Elle a alors rigolé à son
tour et a dit : « C’est une question à laquelle personne n’arrive à
répondre. Personne ne se connaît réellement, vous savez. »
La question du manque de
confiance en moi est très vite venue après avoir abordé le thème des relations
amoureuses/sociales. D’après elle, je me projette beaucoup trop dans l’autre.
Mais le faire est pour moi une sécurité, en sachant (en essayant de comprendre)
ce que pense l’autre, je peux essayer de me gérer pour lui plaire, mais dans
cet effort, je m’oublie moi même. J’ai toujours voulu faire en sorte d’être
parfait aux yeux des autres, et c’est peut-être ça le problème. Mais comme je
le disais, c’est une chose de repérer le problème, s’en est une autre de le
traiter.
Je n’ai pas vu l’heure passer
et ça m’a fait beaucoup de bien de parler, ENFIN, sans réfléchir, de tout
déballer à quelqu’un qui m’écoute et qui réagit à ce que je dis. Certaine
choses ont été particulièrement délicates à aborder comme mes parents, ma
famille en général, mon coming-out. Mais j’ai déjà compris certaines choses – notamment au sein
de ma famille – un autre rendez-vous m’attend dans une semaine, même heure.
LL
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