#31 Bilan post-Psy (1)


« D’où vient ce manque de confiance en vous ? » me dit la psychothérapeute après à peine 15 minutes d’entretien. 

Tout s’est fait très vite. Je suis arrivé un quart d’heure en avance, j’avais sur-estimé le temps de trajet, je suis sorti de chez moi à 15h36 pour arriver là-bas à 15h41, sans me presser. J’avais raison, cette dame est charmante. Je m’étais fait, par contre, une toute autre image d’elle après l’avoir eu au téléphone vendredi. Ne jamais se fier à une voix. C’est une dame toute petite, toute menue qui m’a ouvert sa porte il y a maintenant près de deux heures.

Le climat a vite été instauré, pas de divan de cuir, mais un fauteuil – très confortable, avec en face de moi la dite psychothérapeute derrière un bureau marron. Ce qui semble être un lit (mais qui n’en n’est pas vraiment un) est posé à ma gauche, en cas de malaises je suppose. Sa première phrase : « Alors Lucas, je ne sais que très peu de choses sur vous. Je sais que vous êtes étudiant, c’est bien cela ? Dans quelle filière ? » Ça y est, la conversation était lancée.

J’appréhendais la rencontre comme j’appréhende une rencontre quand je vois un mec pour la première fois, finalement, je ne m’attendais pas à ce que cela se passe aussi bien.

Nous avons parlé de la fac, de mes quelques soucis de disciplines à peu près pendant deux minutes. S’en suit une série de questions auxquelles il m’a fallut plusieurs temps de réflexion avant de pouvoir donner une réponse.

Première question : « - Si une bonne fée se présentait devant vous et vous donnerais l’occasion de changer quelque-chose dans votre vie, qu’est-ce que ce serait ? »

Ma réponse, après 30 secondes de réflexion où le silence des cabinets de psychothérapeute a tendance à mettre mal à l’aise, ajouter à cela le bruit sourd des oiseaux passant à travers la fenêtre : « Être moins anxieux. […] Il y a bien autre chose […] En fait, je suis gay et j’aimerais avoir un petit copain. » CASH ! C’est alors que je lui ai parlé de ma difficulté à rencontrer des hommes avec qui je parle via internet, des difficultés que je peux avoir avec le contact humain. Rencontrer un homme quand on est gay, c’est pas pareil qu’un homme qui peut rencontrer la femme de sa vie dans le métro. Elle m’a alors expliqué certaines choses qui je pense sont assez plausibles. Repérer le problème, c’est bien, mais encore faut-il le traiter. 

Deuxième question : « - Quelle est votre plus grande qualité Lucas ? »

Ma réponse après une bonne minute de latence : « … Je suis à l’écoute. […] Je suis drôle aussi. Bon, ça ne se voit peut-être pas, mais je suis très drôle dehors, avec mes amis… » J’adore faire rire mon entourage, et j’adore encore plus écouter les autres parler. Je n’aime pas avoir le monopole de la conversation, n’aimant pas m’exprimer à l’oral de base, je préfère écouter et m’intéresser à ce qu’on dit. C’est sans doute la raison pour laquelle j’ai besoin d’être avec quelqu’un qui gère les choses. Mais en même temps, vivre dans l’ombre de quelqu’un ne me passionne pas forcément non plus – tiens, c’est un point qu’il serait intéressant d’étudier la prochaine fois.

Troisième question : « - Qui êtes-vous Lucas ? »

Mon silence et mon rire gêné en ont certainement dit plus long que je ne le pensais. Elle a alors rigolé à son tour et a dit : « C’est une question à laquelle personne n’arrive à répondre. Personne ne se connaît réellement, vous savez. »

La question du manque de confiance en moi est très vite venue après avoir abordé le thème des relations amoureuses/sociales. D’après elle, je me projette beaucoup trop dans l’autre. Mais le faire est pour moi une sécurité, en sachant (en essayant de comprendre) ce que pense l’autre, je peux essayer de me gérer pour lui plaire, mais dans cet effort, je m’oublie moi même. J’ai toujours voulu faire en sorte d’être parfait aux yeux des autres, et c’est peut-être ça le problème. Mais comme je le disais, c’est une chose de repérer le problème, s’en est une autre de le traiter.

Je n’ai pas vu l’heure passer et ça m’a fait beaucoup de bien de parler, ENFIN, sans réfléchir, de tout déballer à quelqu’un qui m’écoute et qui réagit à ce que je dis. Certaine choses ont été particulièrement délicates à aborder comme mes parents, ma famille en général, mon coming-out. Mais j’ai déjà compris certaines choses – notamment au sein de ma famille – un autre rendez-vous m’attend dans une semaine, même heure.

 LL

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

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