#144 Comment on fait pour vivre ?

C'est avec tristesse, peur et beaucoup de désespoir que je reviens m'exprimer ici. Les tous récents évènements m'ont en quelque sorte plongé dans le néant le plus total. Grâce au ciel, mes proches et moi avons été épargnés de cette tragédie sans nom. Sur les plans physique et vital surtout, car sur le plan émotionnel, nous rejoignons l'ensemble des français et unissons nos coeurs pour pleurer notre pays, en ayant tout de même peur de ce que demain nous réserve encore... 



Tout comme une petite partie de l'Île de France, je fais partie des quelques dizaines de milliers de français à devoir rester chez eux aujourd'hui... Mon patron m'a sommé de rester chez moi aujourd'hui, je profite de ce moment qui me semble figé dans le temps pour venir m'exorciser car j'en ressens le besoin.

JE SUIS TRISTE – Faisant abstraction pour cette partie des récents évènements qui nous touchent tous à différents niveaux, la vie n'a pas été très sympa ces dernières semaines. Difficile de résumer des semaines de galères en quelques lignes mais pour ne mentionner que le strict nécessaire, j'ai perdu mon arrière grand-mère il y a un peu plus de deux semaines après des week-end entiers passés à son chevet tout en observant son état empirer semaines après semaines. J'ai tout vu, de la mise en biere à la plongé finale du cercueil au fond du trou, j'ai été en charge d'écrire et de réciter un discours honorant sa mémoire devant toute l'Eglise et ma famille, en partie composée de gens que je ne connaissais même pas... L'exercice fut pénible mais néanmoins bénéfique car j'ai pu commencer à entreprendre mon deuil de la plus belle des façons, selon moi bien sûr.

Un peu plus récemment, Marc et moi avons enfin eu la réponse à nos interrogations après un cycle d'attente comparable à l'infini. Verdict, il est envoyé à Marseille pour une durée de 9 mois. Ces dernières fins de semaines se sont résumées à vider l'appartement de feue mon arrière grand-mère l'après-midi et d'aller assister au déménagement progressif de Marc le soir jusqu'au petit matin. Car détail qui vaut son pesant de cacahuètes, en plus d'être envoyé à Marseille, Marc se voit dans l'obligation de rendre son appartement car sa propriétaire, qui se trouve vivre à Dubaï et être une amie proche de la famille, a découvert qu'elle était atteinte d'un cancer et que, par conséquent, elle devait rester sur Paris plusieurs mois encore, au moins pour la durée du traitement. Résultat, Marc est installé à Marseille depuis dimanche soir, il a trouvé son appartement là-bas, reste celui de Paris à trouver. Il a organisé un premier retour sur Paris le week-end du 27/11, quant à moi, je descendrai le voir le premier week-end de décembre.  Il y a des chances que ça marche si on maintient un petit rythme de croisière semblable. Heureusement, car j'ai plus que jamais besoin de le sentir près de moi, surtout dans des moments pareils.

J'AI PEUR – Après avoir été réveillé au son des tirs et des bombardements, je crois ne pas faire d'abus de langage en affirmant que j'ai peur. J'ai peur de sortir, j'ai peur de prendre le métro car ce matin encore, la terreur nous a démontré que le danger pouvait se cacher n'importe-où, y compris dans un appartement situé à 5 minutes de chez soi. J'ai peur de la folie de tous ces barbares et de voir qu'ils deviennent de plus en plus difficile à arrêter à temps. J'ai peur de voir la réponse qu'ils préparent aux bombardements de Raqqa ayant eu lieu hier... Je voudrais ne pas avoir peur mais comment rester serein ?

C'est comme si la vie s'était mise sur pause et que tout ce que nous vivons n'était qu'une suite alternative, un destin possible parmi tant d'autres. Mais c'est bel et bien la réalité, c'est bouleversant, paralysant, on devient parano, à réfléchir sur tout ce qui passe, tout ce qui bouge en priant pour ne pas être dans les parages au moment des prochaines attaques. On culpabilise, on pleure tous ceux qui n'ont malheureusement plus cette chance, on aimerait pouvoir faire tout ce qui est en notre pouvoir pour faire avancer les choses, mais que pouvons-nous faire paralysés ? Alors tout devient insignifiant, vide et sans intérêt, on parle de ses théories, on écrit sur des blogs, on essaie d'oublier, d'évacuer, d'aller mieux au son des sirènes et des camions qui ne cessent de poursuivre leur course aventureuse et vaillante vers l'inconnu. Et on a peur.

JE SUIS DÉSESPÉRÉ – Quand est-ce que ça va s'arrêter ? Qu'est-ce que les média ne nous disent pas ? Est-ce que c'est la fin d'une ère, le début d'un règne de terreur et de bain de sang ? Est-il seulement possible de continuer à vivre comme avant ? Le grand pouvoir des grands évènements de vie, qu'il s'agisse de décès, d'attentats ou de grande perte, c'est qu'ils arrivent toujours à modifier le regard que nous portons sur la vie, règlent certaines interrogation, en créé de nouvelles, en nous laissant baigner tout seul dans une grande période de doute et de néant.

Je ne sais pas comment conclure cet article.
Je vous prie de m'excuser d'attendre une période si sombre pour venir vous donner de mes nouvelles. Quoi qu'il en soit, j'espère que tous ceux qui lisent ces lignes vont bien (au moins dans une certaine mesure), qu'ils ont été épargnés par ces attaques ignobles, eux ainsi que leurs proches.





Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

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