#166 5 jours seul à la maison

Ma mère et son connard mec sont partis 5 jours au bord de la Loire, me laissant seul à la maison pour l'occasion. Contexte, expérience et conclusion, retour sur une expérience plutôt angoissante. 

J'avais tord de penser qu'être seul me ferait le plus grand bien. Je suis du genre à aimer rester tranquille sans parler à personne en temps normal, alors il était naturel de penser que ce serait le cas une fois qu'ils seraient partis. Erreur. Je venais de me disputer une énième fois avec ma mère, la veille du départ. Au cours de cette dispute, certains mots m'ont échappé : "vivement que vous vous cassiez et que je n'ai plus à vous supporter, c'est insupportable, tu es insupportable." Le point positif, c'est que le départ a marqué un temps d'arrêt dans le conflit, une pause dans la dispute qui n'aurait pas été possible sans. Les esprits ont pu être radoucis.

Dès mon réveil du premier jour, je suis malade, j'ai de le fièvre et le silence qui règne dans l'appartement est beaucoup trop pesant pour moi. Les escaliers qui mènent au premier étage paraissent plus longs, plus hauts et plus grands que d'habitude. Toute la superficie de l'appartement est multiple par trois. Sentiment d'oppression, tout devient source d'angoisse, chaque geste. Je dois penser à fermer la porte en partant, trouver la voiture dehors, faire les courses pour ma semaine, me garer sans paniquer, revenir, fermer la voiture, le coffre, ne rien oublier, revenir sur ses pas, vérifier, re-vérifier, porter les courses, monter, sortir le chien. Pour enfin sortir, revenir pour donner à manger au chien, me préparer à manger, faire la vaisselle, nettoyer tout le bordel. Passer un coup de balais, te mettre dans ton lit pour allumer ton premier joint de la journée. Putain. C'est ça la vie.

Accomplir une petite mission, passer à la suivante, parlant tout seul à voix haute pour se distraire et faire passer le temps, sous les couinements d'un chien qui a définitivement faim.

Dans ces moments là, les quelques amis qui peuvent te rendre visite sont perçus comme une intrusion. Ils sont anxiogènes, source de stress et de désordre. Non, je ne veux pas faire de gâteaux et salir 36 plats, je ne veux pas chercher une recette sur Marmiton ni mettre la table... Tu ne préfères pas plutôt mettre une pizza dans le four et attendre ?

Et quand tu es seul, dans l'appart. Tu te sens libre. Mais c'est une illusion de liberté. Tu peux tout faire, tout ce qui te passer par la tête : te branler sans écouteurs, gueuler si tu le souhaites, ramener qui tu veux. Mais c'est une liberté imposée, subie, presqu'amère. Si bien qu'on finit par entrer dans un schéma, un nouveau schéma où nous sommes censé prendre les choses en main pour ne pas devenir dingue. C'est une responsabilité, difficile, fatiguante. Mais néanmoins nécessaire.

Je ne suis pas prêt à vivre seul. Et le fait d'être encore couvé aujourd'hui ne m'aide absolument pas. Je n'ai pas de repère et suis en réalité bel et bien perdu sans ma mère. Je crois que la collocation s'impose de plus en plus à moi. Pour l'instant.

Bon j'y suis arrivé, je ne suis pas mort. Alors, je sais que j'y arriverai. Mais pas tout seul.
J'en ai pris conscience pendant cette expérience.

Finalement, peut-être que ça m'a fait un peu de bien d'être seul.

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

2 commentaires:

  1. La coloc c'est bien, mais n'en attends pas trop non plus:
    Tu partages le même lieu de vie avec des gens, mais il n'est pas acquis que ca sera des potes, ou que vous ferez beaucoup de trucs en commun. Mais je pense que c'est tout de même un bon départ, au moins pour l'aspect financier d'un logement à Paris :-)

    J'ai fait les deux: coloc comme vie solo, et franchement, lorsque je suis passé de l'un à l'autre, j'y ai vu des bons cotés dans les deux cas !

    C'est pas monstrueux d'etre seul, surtout temporairement... tu aurais pu en profiter pour voir des mecs, non ? :)

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  2. C'est sûrement l'étape nécessaire et préalable à l'issue de laquelle on finit par s'engager dans son existence ! J'ai souri en te lisant : profites-en encore !

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