#88 Virée nocturne avec un inconnu

Ça a commencé comme ça :
Hier. Arthur, 21 ans, toulonnais venu passer quelques jours sur la capitale m’aborde sur Hornet. Je réponds et reçois une réponse quasi-instantanée, la conversation est lancée.

Le courant passe plutôt bien, j’apprends que c’est un voyageur invétéré avec à son actif un nombre incalculable de pays visités seul, impressionnant pour son âge. Rapidement, il me demande s’il serait possible de prendre un verre avec moi « dans un bar gay » de préférence, « parce-que j’ai toujours voulu voir comment c’était » me dit-il. J’étais assez confiant alors j’ai accepté. Une fois ma journée terminée, je vais le retrouver au métro. Il a de gros airs à Alexandre, ce qui m’a un peu perturbé au départ. Il est brun, fait 1m71, a les yeux marrons et une carrure dessinée avec une allure très hétéro (le genre de mec a sacraliser les sacoches et à cracher sur les sacs à mains pour hommes, vous voyez ?).  

Début de la rencontre très bizarre. J’essaie de trouver des sujets de conversation, lui raconte deux-trois galères qui me sont arrivées au stage histoire d’avoir une interaction. On arrive à Chatelet, je l’amène au Banana Café où les manières de chacun des serveurs provoquent sa surprise et son amusement. Une fois le premier cocktail servi, les langues se délient (non, nous ne nous sommes pas roulé une grosse pelle comme deux pédales surexcitées), il parle davantage. Je constate que c’est un mec très speed, même quand il parle, il n’aime pas ne rien faire, a toujours besoin d’avoir de l’agitation autour de lui et est terrifié à l’idée d’être confronté à une quelconque solitude. Un peu comme moi.

Le serveur arrive pour nous encaisser et dommage, les prix de nos cocktails additionnés n’atteignent pas la somme minimale que requiert le paiement par carte bleue, évidemment. Il paie et on se retrouve avec deux nouveaux cocktails sur les bras ! En les buvant, j’apprends que personne n’est au courant de son homosexualité, qu’il n’a jamais eu de petit copain, mais qu’il risque plus ou moins de sortir avec un mec qui vit en Australie (l'histoire est assez compliquée de ce que j'ai cru comprendre) et de le rejoindre là-bas. Et bizarrement, à partir de ce moment je ne l’ai plus vu comme une « proie potentielle » mais plus comme un pote, tout simplement. Et en pensant que le sentiment était partagé, tout passait beaucoup mieux.

20h, je lui annonce qu’en tout bon PD qui se respecte, il ne peut pas être venu sur Paris sans avoir mis les pieds au Marais. J’aime pas spécialement traîner par là-bas, en partie à cause des connaissances qui pourraient m'y voir, mais bon, disons que c’est de la culture. Donc, on prend le métro, on marche, j’ai envie de pisser « on a qu’à aller boire un coup et pisser dans les toilettes du bar », qu’il me dit. Appréciant de plus en plus sa compagnie, j’accepte. On passe devant le Spyce, il s’arrête, jette un œil et semble intrigué. « Tu veux rentrer dedans, c’est ça ? » lui dis-je, il me répond « Oui ! » avec un sourire rempli d’enthousiasme. Un mojito, soi-disant "géant" et un sex on the beach plus tard, il semble d’attaque pour se mettre une vraie mine, ça tombe bien, moi aussi.

Il avait entendu parler du Raidd et voulait voir à quoi ça ressemblait. Alors, c’est parti pour le Raidd et ses douches ! On arrive, il doit être 21h30-22h l'heure n'est pas encore à la fête (et le musclor-barman a l'air super blasé d'être là). Alors il reprend un mojito, j’opte pour une vodka orange et on parle, on parle, on parle. Cet enfoiré de serveur trop canon revient à chaque fois nous voir pour remplir nos verres, je peux pas lui dire non. Plus le temps passe, plus on rigole. On se met à allumer Hornet et Grindr et nous moquons des cas-soc qui étaient parfois à côté de nous ou au contraire, bavons sur les bombes de Paris et de Toulon. Je ne sais pas combien de tournées on s’est envoyées.

00h30, ça commence à bouger, les serveurs se mettent torse-nu. Les gens ne peuvent plus s’asseoir, les filles à pédales et leurs acolytes commencent à se trémousser sur la piste et un mec d’environ 30 ans vient me voir pour me demander de lui prêter mes fesses pour chauffer sa veste… J’ai rigolé, du coup il a vraiment mit sa veste sur ma chaise. 

Devant me lever le lendemain et flippé à l'idée de rater les derniers métros, je mets un terme à la tournée des bars gays de Paname et profite, le temps du trajet, de ma bourrée monumentale avec mon camarade, bien chaud pour continuer à se la mettre.

En parfait gentleman que je suis, j’attends son métro avec lui, et le quitte en lui souhaitant un bon retour. Alors que je pensais n’avoir plus aucune nouvelle une fois la soirée passée, voilà qu’à peine quelques minutes plus tard, je reçois un message de sa part :

Après avoir répondu, je range mon téléphone et constate que deux individus (un garçon et une fille âgés de 17 ans max) sont en train de fumer une clope, comme ça, dans le métro. Normal.

La fille : Ça te dérange ?
Moi : Non non, bon par contre c’est pas très légal je crois.
La fille : Y’a pas de caméras.
Moi : T'façons, tant que c’est pas de la beuh ou du shit, ça passe (Ne cherchez pas à comprendre, je sais pas pourquoi j'ai sorti ça).

Arrivé à Saint-Lazare, ces individus courent à pleine vitesse. Sur le moment j’ai pas compris. Arrivé sur le quai, j’ai compris. Les deux petits "XX" annonçant le prochain train m’ont vite mis la puce à l’oreille : j’ai raté le dernier métro. Bon, sans regrets puisque même ceux qui ont pris la peine de courir à en perdre haleine l’ont eu dans le cul.

J'étais seul et bourré, sans parler du tas de weshs, non-loin de moi, revenant eux aussi de soirée. Dans ces moments là, tu deviens super sociable pour tenter d'en finir le plus vite possible. J’ai du parler avec 5 personnes dans le même cas que moi, dont un groupe d’espagnols, aucun n'a été foutu de m'aider. Il était hors de question que je rentre en noctilien. J’ai croisé deux mecs (trop beaux) sur mon chemin, leur ai demandé s’ils savaient où est-ce que je pouvais retirer de l’argent (j’avais complètement perdu mon sens de l’orientation sous la pression), ils m’ont indiqué le distributeur le plus proche et le chemin pour avoir accès aux taxis. J’ai tiré l’argent, pris le premier taxi qui se présentait à moi et en ai eu pour 21 euros 50. Je suis rentré chez moi vers 2h, me suis endormis aux alentours de 3h pour me réveiller à 7h30.

Hormis la gueule de bois et la fatigue due à un sommeil court, j’étais content. Content d’avoir rencontré un mec comme ça et que ça se soit bien passé. Content de m'être senti vivant. 

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

3 commentaires:

  1. Réponses
    1. Certainement pas pour mon portefeuille d'après le message que j'ai reçu de ma banque ce matin ahah !

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    2. Ca c'est le problème des soirées parisiennes typiques... il faut savoir trouver d'autres alternatives !

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