#44 Bilan post-psy (5)

C'est très étrange de se rendre chez son psy en étant bien dans ses pompes, quand ça commence comme ça, généralement, c'est plutôt mauvais signe. La plupart du temps, je suis un peu déprimé quand je vais voir ma psy, ça tombe bien, ça me fait des choses à lui raconter, puis je ressors motivé et prêt à affronter mes problèmes. 

Les derniers jours m'ont mit de bonne humeur, j'ai rencontré pleins de gens, j'ai eu tellement de fêtes que j'en oublie le nombre, j'ai bu jusqu'à oublier comment je m'appelais, en bref, je me suis carrément éclaté. En arrivant dans la salle de consultation, j'appréhendais un petit peu, comme si c'était la première fois que je venais. Les grands thèmes abordés durant la séance ont été : mes parents, mes projets, mes relations amoureuses. 

Reprenons point par point. C'est simple, j'ai pris conscience à la suite de cet entretien pour le moins déstabilisant, que je ne connaissais pas mes parents. Je les aime, c'est inconditionnel, même s'ils sont parfois chiants, et qu'ils ont la fâcheuse manie de me décevoir souvent, je les aime. Mais je ne leur parle jamais. C'est vrai, quand je suis chez mon père, c'est à peine si on s'échange deux mots dans le week-end, et avec ma mère, chaque discussion finit les trois-quarts du temps en dispute. 
La psy a mit mon désir de soumission face à l'être aimé en perspective avec l'absence de figure paternelle dont j'ai été victime. J'ai l'impression d'être un stéréotype à moi tout seul : le petit garçon gay qui l'est parce-qu'il a été privé de toute image paternelle. C'est Freud qui serait content. J'ai dit à ma psy que je voulais "quelqu'un qui s'occupe de moi, mais auquel j'apporte quand même quelque-chose, autre que de la reconnaissance". C'est le principe même des relations parents-enfants. 

Pour ce qui est de mes projets, c'est pas top. Je cherche encore désespérément un stage dans le domaine qui m'intéresse qui pourrait - éventuellement - être rémunéré d'une durée d'un mois pour dans maximum trois semaines. Autant dire que c'est presque mission impossible, le seul truc qui pourrait marcher, c'est le piston. Comme d'habitude de toutes façons. Sinon, il est indéniable que ces deux prochains mois s'annoncent longs, très longs. C'est un gros point d'interrogation et un gros brouillard que de songer aux deux mois que je vais passer, dans ma banlieue. Si on met en exergue les deux semaines que je compte passer à l'étranger, chez ma soeur, on a plus grand chose. Faut que je trouve occupation, matière à occuper mon esprit, sinon il est clair que je vais prendre un aller-simple, destination l'épisode dépressif dont j'ai eu tant de mal à un tant soit peu me défaire. Il est évident que je suis encore fragile et que le moindre bouleversement pourrait me faire replonger aussi vite. Restons méfiants. 
J'aimerais bien visiter les catacombes de Paris (les vraies, pas celles ouvertes au public station Denfert-Rochereau), aller au fond de Paris, explorer les mystères de la ville lumière, découvrir sa part d'ombre. Il y a les stations de métro fantômes aussi qui me passionnent, j'adorerais y aller, voir quels secrets elles recouvrent... 
Faut être honnête, pour l'instant, mes projets ne vont pas bien loin. J'ai pas envie de faire grand chose. Puis faut dire que l'environnement dans lequel j'essaie tant bien que mal de m'épanouir n'est pas franchement à la hauteur de mes espérances. Difficile de concevoir un quelconque projet dans de telles conditions. 

Et enfin, mes relations amoureuses... J'ai essayé au cours de cette séance de me projeter, dans 5 ou 10 ans. Même si je voudrais par dessus tout être en couple, vivre paisiblement avec l'homme de ma vie dans une petite maison au sein d'une petite zone pavillonnaire tranquille, avec un ou deux enfants (pourquoi pas après tout). Mais l'évidence est telle que même si c'est peut-être mon souhait le plus cher, je finis toujours par voir un homme seul, dans un grand appartement, dans une grande ville, obnubilé par son travail et par la fête. Il y a une contradiction profonde entre ce que je voudrais être et ce que je serai surement réellement. Après, je suis jeune, certes... 
De façon objective, je viens de naître. J'ai encore toute la vie devant moi, je remercie le ciel d'être en bonne santé et d'avoir des gens sur qui je puisse un minimum compter. Alors pourquoi je suis à ce point désespéré ? Ce que je veux semble tellement inaccessible. Un mélange de passion et de domination, mais comment peut-il y avoir un rapport de domination dans une relation passionnelle ? C'est complètement incohérent et paradoxale. En parlant d'Anthony, il a clairement été mis en évidence que ce dernier cherchait une sorte fusion avec moi, mais il est clair que ce n'est pas mon cas, il attends des choses que je ne peux lui offrir. 

J'étais un peu retourné en sortant de cette séance. Ma psy l'a bien vue et s'en est excusée, mais elle fait son travail après tout, c'est son rôle de m'accompagner et de creuser, chercher au fond de moi, ce qui ne va pas, ou ce qu'il y a, tout simplement. Mais ça va un peu mieux. 

LL

Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

1 commentaire:

  1. J'ai eu cette chance (oh, il y a bien longtemps : le siècle dernier...) de faire un tour dans les catacombes en descendant côté Montsouris et en ressortant au Panthéon, sous le regard de flics assez conciliants parce que c'est STRICTEMENT INTERDIT bien sûr... Et ça c'était avant le 11 septembre et autres attentats. Expérience fascinante dont je me souviens encore. En particulier ce bruit d'une goutte d'eau dans une boîte de conserve qu'on a entendu de très loin et qui semblait faire un bruit fou. On l'a bien entendu laissée...
    A l'époque c'était les étudiants de l'Ecole des Mines qui tenaient (en secret) à jour les descentes, plans et puits divers. Je ne sais si c'est encore le cas. C'est en tous cas avec eux que j'ai fait cette virée nocturne (avec lampes, torches de rechange, nougies, etc... On n'avait pas rigolé avec la sécurité)
    Donc va draguer du côté de l'école des Mines... ;-)

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