#54 Triangle

Si on m'avait dit il y a quelques mois qu'Anthony deviendrait en l'espace de quelques jours l'unes des personnes que je déteste le plus au monde, je crois que je ne l'aurais pas cru. Comme quoi, tout peut arriver dans la vie, même le plus inattendu peut venir frapper à notre porte et nous bouleverser de façon irrémédiable.

Fin juillet, je lui ai enfin avoué qu'il y avait peu de chances pour qu'il y ai plus que de l'amitié entre nous. De part nos caractères respectifs radicalement opposés, il m'était déjà impossible d'envisager un quelconque essai. Rajouter à ça, l'idée d'être en couple qui ne m'emballait pas forcément et une certaine lassitude avant même que la relation évolue et vous comprendrez les raisons pour lesquelles il m'était impossible d'aller plus loin. Mais, parce-qu'une bonne histoire a toujours son lot de péripéties sordides, nous sommes partis en vacances ensemble début Août avec des potes en commun. Et c'est là que ça se complique.

Avant de partir, j'ai fait la connaissance d'Alexandre, un garçon charmant. Le courant est tout de suite plus ou moins bien passé et ce dernier a réussit à éveiller un certain intérêt à mes yeux. Sauf que, rapidement, j'ai appris qu'il était de base, attiré par Anthony, qui était toujours attiré par moi. Vous suivez ? Alexandre faisait parti des gens qui étaient invités à partir avec nous, évidemment.

Durant la virée campagne, j'ai eu une longue conversation avec Anthony, environ deux jours après notre arrivée, dans laquelle était mentionnée l'idée d'être, d'après ses dires, plus proches afin d'expérimenter si ça marche ou pas. Traduction, monsieur voulait qu'on se comporte comme un couple (qu'on s'embrasse, qu'on se câline et qu'on baise) afin de voir si des sentiments allaient naître de mon côté. Idée stupide ! J'ai refusé et lui ai gentiment fait comprendre que ce n'était pas la peine d'en attendre plus de moi et que, de toutes façons, si les choses devaient se faire, elles se feraient sans qu'on ai le besoin de les forcer (en sachant pertinemment que ça ne serait pas le cas).

La semaine fut assez longue, je ne savais pas vraiment où me situer et où situer Alexandre, qui était tantôt proche de moi, tantôt proche d'Anthony (pas très entreprenant à son égard mais pas forcément réticent non plus). Ils se sont parlés plusieurs fois seul à seul, au bord de la piscine, pendant des heures. Sentant que la situation était sur le point de m'échapper, je devais prendre les choses en mains. J'ai mis les bouchées doubles et ai tenté une approche via texto avec Alexandre, dès que la semaine fut terminée.

Succeed ! Nous n'avons pas arrêté de nous échanger des SMS depuis ce jour là. C'est durant ces échanges effrénés de textos qu'on a décidé de s'organiser une soirée jeux vidéos, rien que tous les deux à son retour de vacances, deux semaines après. Inutile de préciser que l'attente fut atrocement longue. Avant cette fameuse soirée en tête-à-tête, une autre (grosse) soirée a été organisée pour réunir tout le monde. Anthony, qui montrait déjà des signes de lassitude voire de méchanceté à l'égard de tout le monde, ne devait pas être de la partie.

La soirée commence, Alexandre et moi nous rapprochons jusqu'à échanger quelques bisous et quelques câlins. Aux alentours de 22h, la porte sonne et, devinez qui voilà, Anthony. La soirée se déroule à peu près correctement jusqu'au moment où, vers 4h nous nous retrouvons tous les trois, seuls dans la même pièce. Anthony est installé seul sur le canapé en face duquel je repose, allongé sur Alexandre. Anthony esquisse quelques rires à notre égard et fait des commentaires à voix-hautes du style : "Ahlala, mon dieu...", sur le moment, je suis dans l'incompréhension la plus totale. Puis, il s'éclipse.

C'est alors que quelques minutes plus tard, Alexandre et moi entendons quelqu'un qui respire de façon légèrement saccadée, à mi-chemin entre le rire et les larmes. Puis, peu à peu, le brouillard se dissipe, quelqu'un est en train de pleurer. Je me lève, me dirige vers les toilettes et voit Anthony en larmes, sur ces dernières. Je reste avec lui, lui demande ce qui ne va pas, sans réponse. Une demi-heure plus tard, et étant légèrement agacé je lui dit :

- Concrètement, ça sert à rien que je sois là avec toi, si ? 

Après avoir prononcé cette phrase, il m'a dit qu'il avait compris, après la campagne, que ça ne donnerait rien avec moi et qu'il pensait s'était fait à cette idée. C'est la raison pour laquelle il a prit la décision de revoir un mec avec qu'il s'entendait bien avant, ils se sont vu toute une semaine avant que ce mec lui dise que ça ne marcherait pas pour, apparemment, les mêmes raisons que moi. Il m'a également dit qu'il se sentait nul et que le seul moyen pour aller mieux était qu'il devienne plus méchant, plus égoïste car il avait la sensation que tout le monde profitait de sa gentillesse. Il a fini par m'avouer que, bien qu'il pensait avoir tiré un trait sur moi, le fait de m'avoir vu dans les bras d'Alexandre l'avait quelque peu retourné. Je suis resté plus de deux heures, enfermé avec lui dans les chiottes à le consoler et à le prendre dans mes bras.

Le lendemain, j'apprends de la part d'une amie commune, qu'il aurait dit que j'étais pire que son ex, qu'il avait envie de tout péter et qu'il supporterait pas de me voir à nouveau parce-que si c'était le cas il pourrait soit vomir, soit avoir envie de "m'exploser la gueule", un comble. Il a fini par lui dire que je le dégoutait. Charmant, surtout venant d'une personne qui, quelques heures avant, était en train de chialer sur mon épaule, à dire qu'il ne trouverait jamais l'amour.

J'ai pu remarquer, au cours des mois, que cet individu avait bien changé, surtout dans sa façon de s'exprimer et de se faire remarquer. Loin de moi l'idée de dire que j'ai fait de lui la personne qu'il est aujourd'hui, non, bien que le fait qu'il reprenne certaines de mes expressions et qu'il ai un malin plaisir à se faire remarquer chaque fois que je suis dans les parages pourrait m'inciter à penser le contraire. Je ne l'ai pas revu depuis que j'ai appris ce qu'il avait dit, avec la visite de ma soeur en France, faut dire que j'ai pas eu beaucoup de temps à accorder aux autres. Mais il me tarde de connaître la suite des évènements.

Connard, tu peux aller te faire mettre, toi et ta vieille transformation à deux balles.



Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

1 commentaire:

  1. D'un côté ce genre de réaction est typique de certaines personnes : passer d'un extrême à l'autre, parce que la situation l'exige (le fait que ce ne soit pas réciproque) et pour, peut-être, tenter de se convaincre lui-même que tu étais vraiment un connard fini et que ça ne sert à rien de s'appesantir sur ton sort une seconde de plus.

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