#159 Je suis dépressif

Perte de l’appétit, fatigue omniprésente, besoin d’isolement... Tous ces symptômes si familiers refont surface. Il est 13h et je préfère consacrer le temps de ma pause déjeuné à écrire, écrire pour exorciser, écrire pour oublier. 

Je suis fatigué. Affectivement, professionnellement, personnellement, tout y passe... Pourtant, je ne pense pas être trop à plaindre comme garçon, je suis jeune, en bonne santé malgré certains excès, plutôt mignon. J’ai a priori toutes les clés pour pouvoir réussir dans la vie, à une exception près : ma tête.

Pas de répit pour les guerriers, pas de répit pour les dépressifs surtout ! Le cerveau est en perpétuelle activité, les questionnements sur tout et n’importe-quoi prennent le pas sur notre capacité à raisonner, c’est pénible. Où vais-je vivre ? Quand ? Pourquoi je suis comme ça ? Est-ce que je prends une voiture ? Laquelle ? Pourquoi je suis jamais content ? Et si, et ça...

Je suis à une période charnière de ma vie, je ne sais pas où je vais, ce que je vais faire, ce que je veux faire. Et malgré l’apparente facilité qu’ont certain à vivre cette étape dans la vie, moi, j’ai peur. Pire encore, j’ai pas envie. Réflexe de l’enfant pourri gâté diront certain, moi je le vois plutôt comme une peur paralysante, un état d’esprit désespéré, une chute imminente.

Plus les jours passent, plus j’aime à m’isoler.
Ça a commencé par les repas du soir devant l’ordinateur, puis ça s’est poursuivi avec les soirs devant l’ordinateur tout court. J’ai quelques rencards, une fois de temps en temps autour d’un verre, mais tout est si affreusement banal, ça a pour seul effet de m’occuper l’esprit quelques heures. Ça s’arrête là.

Quoi de différent à d’habitude, finalement ? Pas grand chose, si ce n’est que j’arrive plus à cacher tout ça au travail. Je suis parfaitement bien parti pour foutre ma vie pro (et vie tout court puisqu’en ce moment ma vie se résume surtout aux missions que je dois remplir) en l’air alors que je me bats au quotidien pour prouver qu’on a eu raison de miser sur moi.

Je m’isole, je rejette toutes les mains qu’on me tend, je sabote, je me sabote.
Je passe mes déjeuners depuis jeudi dernier ou devant l’ordinateur à regarder The Walking Dead ou dehors, à marcher, sans but précis, pour revenir et écrire un article par ici. Je fais tout pour que cela n’ait pas d'impact direct sur mon travail, mais cela me demande deux fois plus d’énergie et me fatigue d’autant plus vite...

Ce mal permanent ronge mon âme et les solutions me permettant de le vaincre me paraissent... pfouuu... infranchissables, insurmontables, maladivement inaccessibles. Bref, en gros, je vois ça comme escalader le Mont Everest à mains nues.

Ceci dit, je dors mystérieusement beaucoup mieux depuis que tout cela a recommencé, j’essaie de m’attarder aussi sur les aspects positifs, il paraît que c’est bon pour le moral.

J’ai néanmoins une grande nouvelle à annoncer, il est probable que je déménage « enfin » de chez moi courant Septembre, pour m’installer... en collocation. Il est illusoire de penser pouvoir s’en sortir tout seul avec un salaire comme le mien ET avec une voiture, surtout en plein coeur de Paris.

Bref ! J’aurais aimé rester plus longtemps, cependant, il est 14h, les collègues reviennent un par un et les yeux projetés vers mon écran montrant un serpent vert dessiné qui se mord la queue se font de plus en plus nombreux...




Lucas Lopes

Blogueur depuis 2012. Lucas, 20 ans, suceur de bites et fumeur de joints. J'aime envisager mon écriture comme étant une forme de psychothérapie.

7 commentaires:

  1. Le déménagement et la mise en coloc c'est une chose qui te fera surement un peu de bien. Par contre, avoir une bagnole, c'est pas forcément très utile à Paris, quoique tentant pour un nouveau conducteur...

    Bientot tu nous parleras donc de tes soirées entre colocs, j'espere ! Pour le reste: ca te passera, et ce n'est pas l'Everest, rassure-toi :)

    RépondreSupprimer
  2. Salut Lucas, tu mets des mots sur un mal qui ronge énormément de personnes. Moi aussi j'ai ressenti cela tellement longtemps mais sans accepter ce mot de dépressif. Avec des phases ou je remontais, puis redescendait, pas une dépression profonde mais un mal qui ronge. Cette fatigue qui nous assomme, sans avoir fait grand chose, le cerveau qui fonctionne sans cesse dans le négatif et n'arrive pas à se reposer, ne plus réver la nuit et préférer dormir le plus tard dans un état d'épuisement complet. L'isolement, et avec le temps on entretien ces angoisses, ce mal être, et le serpent se mord la queue. Je suis tombé sur ton blog, je ne met jamais de commentaires d'habitude. Je l'ai fais parce que tout d'abord je ressent beaucoup d'affection pour toi, qui alterne les mots les plus soutenus avec le langage le plus crue. Tu dois être quelqu'un avec énormément de facettes, de richesse, mais également d'humilité car tu n'as pas peur de te dévoiler. Rien qu'à te lire, j'aurais pu mieux comprendre ce que je ressentais car un moment ce sentiment de mal être peut entrainer que l'on se perd et que l'on ne sait plus qui on est. Les psys vous reformate, mais se retrouver et remonter tout seul peut être long, c'est ce que j'ai fait. J'ai déjà 40 ans et j'ai finis par accepter mes défauts et partiellement mes penchants. Quel temps de perdu. C'est déjà pas mal. Toi t'as fait un chemin déjà énorme et je ne me fais pas de soucis, tu écris, donc tu ne t'isoles pas totalement, tu partages, tu fais ta thérapie. J'ai beaucoup d'admiration, d'affection pour toi et je tenais ainsi à te remercier. Continue à partager. J'aurais aimé avoir un ami comme toi, c'est sur je ne me serais jamais ennuyé, et certains cap auraient été plus facile à passer. Espère qu'en postant ce commentaire cette déprime aura déjà disparu. Franck

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup Franck pour ce très beau commentaire. Voir qu'on n'est pas seul à ressentir ces choses est quelque peu réconfortant. Il y a tellement à dire sur la dépression, c'est très délicat de parvenir à le retranscrire précisément...

      Si que je décris ici te permet de percevoir les choses sous un angle différent, alors je suis content. Je suis pas seulement ici pour me plaindre sur mes malheurs et alimenter mon ego, si certaines personnes peuvent de près ou de loin se retrouver dans ce que je raconte. C'est super !

      Donc merci à toi :)

      PS : ça va un peu mieux, mais c'est toujours très fragile ces moments-là...

      Supprimer
  3. Courage Lucas, il faut cerner les causes réelles de cet état, se comprendre et s'accepter tel que l'on est, comme le dit Franck, est une étape essentielle.

    RépondreSupprimer
  4. Merci Lucas aussi pour ta réponse, je suis heureux d'avoir pu t'apporter un peu de réconfort. C'est la preuve aussi que même mal tu n'est pas quelqu'un d'égoïste et ne t'isole pas totalement. J'aurais aimé en dire autant de moi dans ces circonstances. Tu aurais pu lire le commentaire, l'apprécier et ne pas répondre, après tout tu n'étais pas bien. Quand tu parles d'alimenter ton ego avec ton blog, je ne vois pas les choses comme ça. Je me suis demandé pourquoi tu mettais autant de détail, assez hot ( merci pour nous) en expliquant tes rencontres. J'ai l'impression qu'ainsi tu fixes plutôt les super moments de ta vie. Pour les détails, c'est ton tempérament, tu le fais aussi quand tu décris ta séance d'hypnose (super intéressant comme article). J'espère que quand ça va mal tu replonge dans ton blog, pour relire les plus belles pages de ton livre et revivre simplement ces bons moments, ces belles rencontres, ceux qui t'apprécient et te le montre par des commentaires (tu as des fidèles comme tonio et estèf), et en ayant à l'esprit qu'il y aura encore plein d'autre moments super à vivre. J'ai été surpris de ton courage également devant des commentaires débiles, des gens avec un tel ego, qu'ils se permettent de juger quelqu'un sur un article, après s'être certainement branlé sur d'autres articles, qu'elle hypocrisie. Si ton ego était si fort, tu aurais effacé ces commentaires ou aurait fait des réponses fleuves incendiaires, rien de tout cela, beaucoup de dignité. Ton blog ne me semble pas être fait pour soigner ton ego, une thérapie, oui c'est sur. Certainement également pour apporter une aide aux autres. Et aussi pour que ceux qui te côtoient te comprennent mieux. Heureux de t'avoir rencontré à travers ton blog et de savoir que tu vas mieux. Je vais en Algarve la semaine prochaine et penserais à toi et à ta sœur dont tu es si proche, et aussi aux mecs portugais que j'appréciai déjà beaucoup mais que je verrais sous un autre jour, dommage que je ne pourrais pas en profiter, moi aussi j'y vais en famille! Bon déménagement aussi. Amicalement Franck

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout n'est qu'une question de perception, finalement. Pour certains, tenir un blog est vue comme étant une démarche profondément narcissique et auto-centrée tandis que pour d'autres, c'est un moyen d'essayer de mieux comprendre certaines choses, de les partager, de s'enrichir par le vécu d'un autre etc. Et c'est comme ça que je vois le mien.

      Je reviens souvent relire certaines choses, notamment le peu d'articles que j'ai écrit l'année dernière, avant/pendant ma relation amoureuse. Je voyais les choses, je les percevais, d'une manière qui m'apparaît complètement étrangère aujourd'hui. Forcément, j'étais pas dans la même situation mais je me sens tellement en décalage avec ce que j'étais/ressentais il y a un an, que ces mots couchés sur ces feuilles numériques sont tout ce qu'il me reste pour m'en rappeler...

      J'ai effectivement quelques fidèles lecteurs par ici et je suis le premier que ça surprend, encore aujourd'hui. Si mon expérience captive les autres et les aide à en tirer certains enseignements sur leur propre existence, je ne peux qu'être ravi. Pour les commentaires négatifs, j'essaie de prendre le bon quand il y en a et de laisser la pourriture hors de moi. Si je me mettais également à déprimer à cause des commentaires que je reçois... J'aurais plus qu'à tout abandonner :-)

      Mais heureusement, c'est loin d'être le cas.

      Amuse-toi bien au Portugal, j'espère que tu auras l'occasion d'aller à la Praia da Falesia, à Vilamoura... J'adore cette plage, début juillet, elle ne devrait pas encore être trop bondée (Ça me rappelle le mec que je m'étais tapé dans le champ de paille juste à côté du pont, la dernière fois que j'y suis allé... Très bon plan) Reste celle du Cavalo Preto à Quarteira, sinon, moins de touristes ;)

      Enjoy, et à très vite !
      Le déménagement, c'est pas pour tout de suite ;)

      Supprimer
  5. Merci Lucas, les valises sont faites l'avion c'est pour demain. J'aime beaucoup aussi la plage de Falesia. Je ferais attention au champ de paille, c'est un bon plan qui me servira peut-être.....
    A défaut d'avoir cette douceur en bouche il y aura les patisseries portugaises avec la crème aux œufs que j'adore ;)

    Je serai à Albufeira. Comme lecture il y aura ton blog pour mieux te connaître et voir ton parcours, j'ai des questions en tête mais certaines sont certainement dans tes articles précédent.

    Encore merci et à très bientôt.
    Franck

    RépondreSupprimer